- Afrikaner & Unternehmer: June 2006

Friday, June 02, 2006

François-Xavier Verschave: Gründe für die Armut Afrikas




La «Françafrique», la politique française en Afrique, prônait la raison d'Etat avec des méthodes de voyous, ceux qui les ont appliquées sont devenus des voyous qui font chanter la République.
A l'examiner, le scandale des ventes d'armes à l'Angola n'est pas si «démoralisant» que ça. Au contraire, il pourrait éclairer notre boussole politique, nous aider à préciser ce que nous refusons et ce que nous voulons, à l'ère où s'intensifient et s'accélèrent les connexions internationales. Les rideaux de fumée se dissipent devant l'action des réseaux franco-africains. Cette caricature de relations méprisantes se branche désormais sur la dynamique la plus destructrice de la mondialisation. Ces réseaux, richissimes et archicorrupteurs, s'avèrent capables de vendre à grande échelle des biens et services de guerre, avec armes et mercenaires, aux deux côtés d'une guerre civile (au moins 500 000 morts en Angola). Elf et les différents réseaux présents y soutenaient à la fois le camp gouvernemental et la rébellion. Chaque réseau a sa microstratégie, fluctuante, dont il prétend qu'elle sert la France. Le préfet Jean-Charles Marchiani a tout bonnement avoué aux enquêteurs: «Nous, c'est-à-dire moi pour le compte de Charles Pasqua, avons négocié publiquement avec le président Dos Santos l'aide politique et économique de l'Angola à l'action de la France dans cette partie de la région, qui s'est concrétisée par l'envoi de troupes dans les deux Congo.» Cet accord global a donc engagé notre pays dans trois guerres civiles (deux au Congo, après l'Angola). Jean-Charles Marchiani a enfoncé le clou dans une récente interview: «A sa façon, M. Falcone a défendu les intérêts français dans la région.» L'Angola va devenir le plus gros producteur de pétrole africain. L'armée de cette dictature prédatrice s'avère une pièce maîtresse. Secrètement équipée par Paris, à hauteur de 4 milliards de francs, elle concourt à deux horribles guerres civiles: au Congo-Brazzaville (au moins 50 000 morts, plusieurs dizaines de milliers de viols, une série de crimes contre l'humanité) et au Congo-Kinshasa (plus d'un million de victimes, avec la misère induite). Où est la «nouvelle politique africaine de la France»? Qui décide de ce genre d'«intérêts français» pétromeurtriers? Pas les Français ni le Parlement, peut-être pas le Premier ministre... Plutôt la «Françafrique».
J'ai exhumé ce terme en 1994 des antiques discours de l'ex-président ivoirien, Houphouët-Boigny pour tenter d'expliquer comment la France était capable de faire en Afrique l'inverse exact de sa devise républicaine, jusqu'à se faire complice du génocide rwandais. Le concept désigne la face immergée de l'iceberg des relations franco-africaines. En 1960, l'histoire accule de Gaulle à accorder l'indépendance aux colonies d'Afrique noire. Tout en proclamant cette nouvelle légalité internationale, immaculée, il charge son conseiller pour les affaires africaines, Jacques Foccart, de maintenir la dépendance, par des moyens forcément illégaux, occultes, inavouables. Il sélectionne des chefs d'Etat «amis de la France», par la guerre (plus de 100 000 civils massacrés au Cameroun), l'assassinat ou la fraude électorale. A ces gardiens de l'ordre néocolonial, il propose un partage de la rente des matières premières et de l'aide au développement. Les bases militaires, le franc CFA convertible en Suisse, les services secrets et leurs faux nez (Elf et de multiples sociétés) complètent le dispositif.
C'est parti pour quarante ans de pillage, de soutien aux dictatures, de coups fourrés, de guerres secrètes, du Biafra aux deux Congo. Le Rwanda, les Comores, la Guinée-Bissau, le Liberia, la Sierra Leone, le Tchad, le Togo... en conserveront longtemps les stigmates. Ne pouvant plus promettre un mieux-être, les dictateurs usés, boulimiques, dopés puis minés par l'endettement, ont dégainé l'arme ultime, le bouc émissaire: «Si je reste au pouvoir, avec mon clan et un discours ethniste, c'est pour barrer la route à vos ennemis de l'autre ethnie.» On connaît la suite. La criminalité politique est entrée en synergie avec la criminalité économique.
De telles dérives n'ont pas été sans effet sur la métropole: les mécanismes de corruption y ont fait tache d'huile, avec souvent les mêmes entreprises, les mêmes hommes, les mêmes sociétés fiduciaires suisses, banques luxembourgeoises, comptes panaméens. Une partie du racket des marchés publics franciliens était ainsi recyclée via la Côte-d'Ivoire ou l'Afrique centrale. Plusieurs pas supplémentaires ont été franchis en Angola. Désormais, les trafiquants d'armes ou les sociétés de mercenaires ont officiellement leur part (10 %) dans les mégagisements: la guerre est programmée avec l'exploitation pétrolière. Peu à peu, l'on découvre que nombre de personnages clés du pétrole français, tel Alfred Sirven, étaient aussi vendeurs d'armes, membres ou proches des services secrets. La banque fétiche de l'or noir abritait aussi les comptes de l'empire «corsafricain» des jeux. Enfin, plusieurs affaires en cours établissent des connexions entre le recyclage des pétrodollars et le faux monnayage (faux dinars de Bahreïn) ou le narcotrafic - à commencer par la Birmanie, dont la junte a rallié la «Françafrique» avec enthousiasme.
Ce n'est pas d'aujourd'hui que datent les liens entre le pétrole, les ventes d'armes et les services secrets, ni les accointances de ces derniers avec le narcotrafic et les mafias. La plupart des services estiment que leurs besoins excèdent très largement les budgets qui leur sont votés. Au-delà du renseignement, ils estiment de leur rôle de surveiller, contrôler, infiltrer la criminalité organisée qui tient des régions ou des secteurs entiers, et de négocier avec elle. Pour la constitution et la circulation de leurs cagnottes, ainsi que l'efficacité de leurs alliances, ils ont beaucoup contribué à l'essor des paradis fiscaux. Au nom de la sécurité nationale. Mais la mondialisation dérégulée des moyens de paiement et l'explosion de l'argent sale ont fait céder les digues. Quand «l'honorable correspondant» Sirven, jongleur de milliards, se vante d'avoir vingt fois de quoi faire sauter la classe politique, il résume malheureusement l'inversion des pouvoirs: «la Françafrique» prônait la raison d'Etat avec des méthodes de voyous, ceux qui les ont appliquées sont devenus des voyous qui font chanter la République.
Autre enseignement angolais : derrière Falcone, se profile Arcadi Gaydamak, familier des services russes, israéliens, français (la DST, du moins). Ce néo-multimilliardaire apparaît branché sur les circuits de vente à vil prix du pétrole, des engrais, des diamants, des armements, des créances de l'ex-URSS. On sait que ces circuits, organisés avant même la chute du mur de Berlin, ont généré une immense et inquiétante nappe de liquidités. Plusieurs protagonistes du pétrole angolais sont adossés à ce pactole. Bref, l'Angola est devenu le champ expérimental d'un passage de la Françafrique à la «Mafiafrique». La «Françafrique» s'y connecte avec ses homologues américains, britanniques, russes, israéliens, brésiliens... Plus à l'est, elle rencontre ses homologues chinois, sud-africains, etc. A l'occasion, ce difficile partage mafieux des richesses africaines peut provoquer une effroyable guerre civile. Ainsi dans l'ex-Zaïre.
C'est si loin, diront certains. Pas si sûr. La France est duelle. Le cynisme françafricain s'inspire des slogans antidreyfusards: la grandeur, l'honneur, l'intérêt supérieur de la nation. Mais beaucoup de Français se sentent davantage héritiers de ceux qui, comme Zola, placèrent plus haut la vérité et la justice. S'il est des Africains qui aiment encore la France, c'est celle-là. De même, nous sommes en Europe les héritiers de deux cents ans de mouvement social. Nos ancêtres ont conquis un socle de biens publics, de biens de civilisation surplombant la logique marchande: l'éducation, la santé, la retraite, les congés payés, etc. Un peuple éduqué et en bonne santé est plus efficace que s'il est maltraité. Jusqu'à un certain pourcentage de prélèvements obligatoires, l'élargissement des biens publics est un jeu à somme positive. Il élargit aussi la richesse privée. Tout le monde y gagne.
C'est ce que nous ont écrit prophétiquement les deux jeunes Guinéens qui, durant l'été 1999, sont morts de froid dans une soute d'avion, demandant en tant qu'êtres humains le droit à l'éducation. Leur interpellation désigne un champ immense de mondialisation positive, avec aussi la prise en compte d'autres défis planétaires (effet de serre, sida, pollution des mers, accès à l'information, justice pénale, droit économique et social...). Comment accélérer la conquête collective de ces biens publics mondiaux (stimuler leur désir, renforcer ceux qui les réclament, coincer les institutions qui se dérobent)? Quel formidable chantier, scientifique et militant, relançant la notion de solidarité internationale!
Les paradis fiscaux ne sont pas seulement les réceptacles de la criminalité, les sièges des sociétés de mercenaires, les coffres-forts des pilleurs de l'Afrique. Si même un Jean-Christophe Mitterrand, qui se présente au juge comme un grand naïf, est capable de cacher au fisc 13 millions de revenus, il n'y aura bientôt plus que les pauvres et les imbéciles pour payer les impôts! Nous aurons perdu deux siècles de conquêtes sociales, gâchés le combat collectif pour la dignité. Adieu Jules Ferry et la couverture maladie universelle! En appelant un crime un crime, sans l'autorisation du gouvernement, le juge Courroye nous aide à lire le monde où nous vivons. Nous voilà plus clairs pour agir.

Interview mit François-Xavier Verschave "La françafrique"




Le 15 juillet dernier, un procès en appel s’achevait sur un dénouement heureux à la 17ème chambre du Tribunal de Grande Instance de Paris. Il avait été intenté en mars 2001 contre François-Xavier Verschave, président de l’association Survie, – et son éditeur Laurent Beccaria – pour son ouvrage Noir Silence, par les présidents du Tchad, du Gabon et du Congo-Brazzaville : Idriss Déby, Omar Bongo et Denis Sassou Nguesso. Ils ont saisi la justice française au titre de l’article 36 de la loi de 1881 sur la presse, concernant l’offense à chef d’Etat étranger. Contrairement à la diffamation, ce délit conduit à une condamnation automatique, sans obligation de preuve. Mais cette disposition archaïque du code pénal, héritière du crime de « lèse-majesté », ainsi que la jurisprudence des tribunaux – qui avait cessé depuis les années soixante-dix sur ce point – et les talents oratoires de Jacques Vergès, défenseur des dictateurs offensés, n’ont pas suffi.
Face à la masse de témoignages et de documents accablants apportés par l’auteur de Noir Silence, le tribunal a préféré donner un ascendant à la Convention européenne des droits de l’Homme, en considérant que la disposition de la loi de 1881 invoquée par les plaignants n’était en quelque sorte plus applicable dans un régime démocratique. Le procès s’est alors progressivement transformé en un réquisitoire contre la Françafrique, ses pratiques criminelles et sa dimension financière, en lien avec les récentes mises en examen dans l’affaire Elf et le trafic d’armes vers l’Angola. Le prétoire devint le lieu d’un débat que l’Assemblée nationale n’avait pas souhaité accueillir. Les ombres de nos élites politiques les plus cyniques sont apparues dans cette arène.

Pourquoi et comment s'est mise en place la confiscation des indépendances africaines ?

Cette négation de l'indépendance africaine, inavouable, ne pouvait se faire qu'avec des moyens secrets. Ils ont été mis en œuvre par Jacques Foccart, le principal collaborateur du général de Gaulle. Il y avait 4 raisons pour confisquer cette indépendance: le rang de la France aux Nations unies qui nécessitait un cortège d'états clients, l'accès aux matières premières, le financement occulte des activités politiques du gaullisme, enfin la France jouait un rôle de sous-traitant des USA dans la guerre froide. Toutes ces raisons ont poussé de Gaulle à installer des chefs d'états amis de la France, soit par la fraude électorale, soit par l'assassinat, comme au Togo ou en Centrafrique.On a sélectionné des "proconsuls à la peau noire" pour continuer la présence coloniale tout en faisant croire aux africains qu'ils avaient acquis l'indépendance. On a mis en place des moyens de contrôle de la monnaie, de la police, des richesses… des mécanismes qu'on a appelé "les réseaux"… c'est difficile de les décrire en quelques mots car il y a une imbrication constante entre les services secrets et les pétroliers par exemple, des passages d'argent incessants dont on commence à avoir une petite idée à travers l'affaire Elf.

Foccart fut un des piliers de cette république de l'ombre…

C'est un personnage très curieux dont Pierre Péan a fait la biographie. Il a joué un rôle complexe dès 39-45, à la fois résistant, semble t-il, et à la tête d'une entreprise qui collaborait avec les allemands… A la libération de Gaulle a été écarté du pouvoir assez rapidement, un certain nombre de personnes l'ont accompagné dans sa "traversée du désert" dont Foccart. Il était chargé des relations avec l'outre-mer et avec leurs classes politiques, du lien avec les services secrets, et du ménage dans le parti gaulliste qui allait resurgir en 1958.

Pasqua, un émule de Foccart, fait déjà parler de lui chez Pernod-Ricard, quel est son rôle ?

C'est assez complexe… La stratégie de la guerre froide s'est appuyée sur des réseaux d'initiés liés par le secret dont le fonctionnement exact n'est pas toujours facile à établir. Par exemple Pasqua a bâti toute sa carrière politique sur une sorte d'anti-américanisme, or ses amis et lui-même sont très proches des républicains de George Bush. C'est typiquement un homme de l'ombre, faisant partie des services de sécurité du gaullisme.Dans "la Françafrique" publiée en 98, j'explique que Pasqua a été à l'origine de la French Connection, cette distribution de drogue aux USA servait entre autre à financer les actions des services secrets français… Pasqua m'a fait un procès en diffamation pour ce livre sur un seul point qui concernait le troc entre le terroriste Carlos et un soutien français au régime soudanais… Il n'a pas osé faire un procès en diffamation sur cette question de la French Connection !

Dans "la Françafrique", vous évoquiez aussi le cas d'une certaine Jacqueline Hémard qui avait reçu l'asile politique aux USA…

C'est l'épouse d'un héritier du groupe Pernod-Ricard, il y a aussi son ami Ali Bourequat, un ancien prisonnier politique au Maroc, qui avait entendu l'histoire de la french connection de la part de ses codétenus au bagne de Tazmamart. ( on soupçonnait l'entreprise, dont le directeur de l'époque s'appelait Charles Pasqua, de trafic de drogue en se servant du Maroc des 60's comme plaque tournante, avec la complicité d'Hassan II ). Ces deux personnes ont été obligées de s'enfuir aux USA ( en 1995 ) où elles ont obtenu l'asile politique ce qui est rarissime.

DE LA FRANCAFRIQUE A LA MAFIAFRIQUE.

On sait que Pasqua et Foccart se sont brouillés. Ces luttes d'influences, le fait qu'ils se balancent entre eux, ça vous a aidé dans votre travail ?

Tout à fait… La Françafrique a été instaurée, en 1958-1960, au nom de la raison d'état et on a mis en place un système avec des méthodes de voyous. Quand vous pratiquez sur des décennies ce type de méthodes, rares sont ceux qui ne deviennent pas eux-mêmes des voyous. Par exemple, quelqu'un de très proche des services secrets comme Alfred Sirven, qui contrôle deux ou trois milliards en Suisse, comment voulez vous qu'il ne résiste pas a certaines tentations, et qu'il ne puisse pas se vanter finalement de se payer l'ensemble de la classe politique.Ces méthodes ont peu à peu dégénéré en méthodes quasi mafieuses, et dans ce type de fonctionnement il y a des luttes de clans, on a beau servir théoriquement un même objectif, il y a tellement de bénéfices dans ce genre d'opérations que les gens se dressent les uns contre les autres et qu'il y a des fissions qui s'opèrent. C'est une première raison dans les clivages qui se sont opérés dans les réseaux.La deuxième raison, je l'ai compris plus tard, c'est que ces fonctionnements sont aussi des sous-ensembles du rôle global du lobby militaro-industriel en France. Ce lobby a connu une fracture énorme au début des 90's au moment ou Jaffré a dénoncé son prédécesseur chez Elf, Loïk Le Floch-Prigent, et où il y a eu également l'intervention du PDG de Thomson Alain Gomez dans cette partie compliquée. Pendant cinq ou six ans, au sein de ce lobby militaro-industriel qui se battait pour la recomposition de l'hégémonie sur l'aéronautique française, on a eu des tirs croisés d'informations qui arrivaient chez les juges d'instruction. Ca nous a beaucoup aidé à comprendre ces mécanismes.

Ce lobby militaro-industriel est-il un contre pouvoir au sein de la république ou une de ses excroissances ?

Notre conviction en tant que démocrate, c'est que la République au sens étymologique c'est la chose publique. Or ses réseaux ont effectivement conquis la République et donc sur des domaines extrêmement important comme l'Afrique, les politiques énergétiques, la manipulation de l'appareil judiciaire, la désinformation dans la presse, on assiste à un fonctionnement totalement hostile à la démocratie, à la captation par des réseaux d'initiés du fonctionnement de notre pays.

Comment ces réseaux se sont adaptés à la mondialisation ?

A partir de là, je voudrais dire deux choses qui concernent les paradis fiscaux. On assiste à une mondialisation des réseaux, ce que j'appelle pour l'Afrique, le passage de la "Françafrique" à la "Mafiafrique" qui est caractéristique de ce qui s'est passé en Angola avec "l'Angola Gate", objet d'un autre livre: "L'envers de la dette" paru l'an dernier.En Angola, on voit des personnages liés à des services secrets comme l'ancien KGB, la CIA, le MOSSAD, les services secrets français, britanniques, Sud-africains… on voit les réseaux mis en place dans l'entourage des ces différentes puissances se rejoindre autour d'enjeux aussi juteux que le pétrole angolais.

Et là c'est proprement hallucinant, des gens comme Falcone ou Gaydamak ( marchand d'armes russe ) qui sont des sortes de représentants multicartes de plusieurs services en même temps qui passent des deals planétaires avec les compagnies pétrolières les marchands d'armes…Tout ça se fait sur fond d'une nouveauté tout à fait inquiétante: la mondialisation de la criminalité financière à travers les paradis fiscaux. Il y a toujours eu des lieux d'opérations parallèles, mais avec l'essor de la télématique et de l'informatique, aujourd'hui plus de la moitié des flux financiers passent par les paradis fiscaux. C'est là que se passent toutes les actions qui contribuent à piller la planète ou à la détruire: les principales agressions contre l'environnement, le soutien aux dictatures, aux aventures mercenaires, le détournement de l'argent du pétrole… Tout ça passe par les paradis fiscaux avec la complicité des principales banques.

RESPONSABILITE POLITIQUE & DESINFORMATION

Est ce que le gouvernement Jospin a rompu avec ces pratiques ?

Non, certainement pas ! Ca fait partie de la désinformation récente… Avec "l'Angolo-Haïtien" et l'inculpation de Jean Christophe Mitterrand, tout d'un coup des tas de journalistes se sont rendus compte que tout ce que nous disions sur la Françafrique était vrai, et donc le terme est pratiquement devenu d'usage courant y compris dans des journaux et des revues qui étaient hostiles à ce que nous démontrions.Aussitôt l'opération magistrale concertée par les services français a été d'amener des journalistes à défendre la thèse suivante -et vraiment j'ai été témoin de très près de ces manœuvres- "oui la Françafrique a existé, mais c'est fini depuis 5 ans ou 7 ans". Jospin était le seul homme d'état français a ne pas avoir de réseaux franco-africains, mais quand au congrès de Liévin en 94, il avait déposé une motion contre les relations franco-africaines, il avait été mis en minorité au sein de son propre parti.Quand Jospin est arrivé au pouvoir en 97, il s'est trouvé dans les trois mois qui ont suivi devant le choix suivant: la Françafrique a poussé les feux au Cameroun, au Tchad, au Congo-Brazzaville, au Gabon… soit il s'y opposait frontalement et il affrontait "le triangle des trois E" -Elf, l'Elysée, l'Etat-major- ce qui aurait supposé une énergie considérable, soit il laissait couler. C'est ce deuxième choix qui a été fait notamment avec la nomination d'Hubert Védrine au ministère des affaires étrangères, l'avocat de la politique de Mitterrand, lequel n'a rien fait d'autre que poursuivre la stratégie des Pasqua et Foccart.

Qu'est ce qui vous fait espérer un changement de politique ? Sachant que tout le monde y trouve son compte : les partis de gouvernements, les dirigeants africains, les industriels français…

La Françafrique c'est une toute petite portion des français et des africains, c'est une minorité. De plus en plus d'africains commencent à comprendre ces mécanismes d'oppression et de domination, des formes de rejets de la Françafrique se multiplient. Par exemple à Madagascar l'ancien président, cas exemplaire de la Françafrique, a été balayé par un mouvement populaire d'une force extraordinaire…

Comment s'opère la prise de conscience en Afrique des mécanismes de la Françafrique, sachant qu'il n'y a pas de réel contre pouvoir, et qu'il y a même des magazines comme "Jeune Afrique" qui relaie la voix de la Françafrique sur le continent…

Il ne faut pas sous-estimer le rôle du bouche à oreille dans un continent comme l'Afrique, l'information circule par des canaux informels… Malgré la pression extraordinaire de la dictature au Congo-Brazzaville, les gens ont lu ce que j'avais expliqué sur les dessous de la guerre dans leur pays dans "Noir Silence". Lorsque le résultat du procès pour "offense à chef d'état", intenté notamment par Denis Sassou Nguesso, le chef de l'état congolais, a été annoncé à la radio, il y a eu des explosions de joies dans les bus ! Ce combat judiciaire qui n'a pas fait la une en France, était perçu comme un enjeu jusque dans les bus africains ! Il y a une soif de comprendre qui peu à peu va faire des effets.

Pour ce qui est de l'opinion française, on a l'habitude de montrer du doigt les "méchants américains"; la nature des exactions commises en Afrique par la France n'est elle pas la même que celles commises en Amérique du sud par les USA ?

Vous avez raison, c'est une comparaison très éclairante, non seulement la France fait en Afrique ce que les USA font en Amérique latine, mais en plus elle fait en Afrique aujourd'hui ce que les USA faisaient dans les années 80 lorsque ils soutenaient partout des dictatures tortionnaires. Même les américains se sont rendu compte que leur influence en Amérique latine nécessitait de traiter avec des régimes un peu plus présentables.Vous soulignez quelque chose d'extrêmement important dans le blocage du progrès de l'opinion publique française sur ces questions, cette imprégnation de la gauche française par un morceau de l'idéologie souverainiste qui consiste à dire "on ne parle pas des atrocités de la France en Afrique, parce que ce serait désespérer la gauche du combat prioritaire contre les américains". Comme s'il s'agissait de choses différentes, ce que je montre dans "Noir Chirac" c'est que les réseaux françafricains pour une bonne part de leurs compositions initiales sont des réseaux en grande partie liés à l'extrême droite qui ont été mis en place au moment de la guerre froide sous l'influence des USA. Si on combat les raisons qui ont poussé les USA à mettre en place ces mécanismes de domination, je ne vois pas pourquoi on ne combattrait pas les mêmes mécanismes en France.

Dans quelle mesure espérez vous que votre travail soit relayé par les médias français ? On connaît les accointances de Bouygues avec les partis politiques ou pire avec des vendeurs d'armes comme Matra-Hachette.

J'ai très peu d'espoir de ce côté là, si vous lisez le Canard Enchaîné vous verrez qu'aujourd'hui les marchands de canons détiennent les deux tiers de la presse française, si vous rajoutez Bouygues, les médias d'Etat, vous vous rendez compte que les espaces d'expression libre se réduisent tous les jours comme peau de chagrin. C'est terrifiant pour la démocratie ! Il reste Radio Canut c'est sûr… ( rires ). Malgré ce projet de verrouillage, je constate un intérêt de plus en plus grand d'une part de l'opinion, certes pas majoritaire..Paradoxalement, je ne pense pas que la connaissance de ces phénomènes régresse en France. Il faut toujours compter sur les erreurs de l'adversaire, parfois il porte lui-même à la connaissance du public ce dont il veut qu'on ne parle pas, je pense à ce procès intenté par les trois chefs d'états. C'est une erreur majeure ! Il est probable que le livre "Noir Silence" aurait connu un impact infiniment moindre s'ils n'avaient pas essayé de le faire censurer par la justice. Et puis même dans les médias dépendant de grands groupes, vous avez une minorité de journalistes résistants qui trouvent l'occasion de parler de choses qui fâchent. Leurs carrières dans ce média là n'est pas forcément éternelle, mais ils parviennent à rebondir. Il ne faut pas exclure les actes courageux de ceux qui ne veulent pas rentrer complètement dans le moule.

On a vu lors du fameux procès de 2001, que la diffamation pouvait être un moyen de minorer votre travail. Jacques Verges, l'avocat des chefs d'états africains, a déclaré que vous connaissiez mieux Villeurbanne que l'Afrique.

C'est un procédé théorisé par certains de ces réseaux, diffamer les juges, journalistes, militants qui s'opposent à vous. Un certain nombre de juges en Italie ont été gravement diffamés, en France aussi, des journalistes, c'est un grand classique… Les attaques de Jacques Verges sont assez pitoyables… Quand des dizaines et des dizaines de milliers de réfugiés rentrant à Brazzaville, ont été tués ou violés, il a cru bon de faire ce mot : "Verschave aboie, les réfugiés passent". C'est sinistre…

Carol Pineau: The Africa you never see




In the waiting area of a large office complex in Accra, Ghana, it's standing room only as citizens with bundles of cash line up to buy shares of a mutual fund that has yielded an average 60 percent annually for the past seven years. They're entrusting their hard-earned cash to a local company called Databank, which invests in stock markets in Ghana, Nigeria, Botswana and Kenya that consistently rank among the world's top growth markets.
Chances are you haven't read or heard anything about Databank in your daily newspaper or on the evening news, where the little coverage of Africa that's offered focuses almost exclusively on the negative -- the virulent spread of HIV/AIDS, genocide in Darfur and the chaos of Zimbabwe.
Yes, Africa is a land of wars, poverty and corruption. The situation in places like Darfur, Sudan, desperately cries out for more media attention and international action. But Africa is also a land of stock markets, high rises, Internet cafes and a growing middle class. This is the part of Africa that functions. And this Africa also needs media attention, if it's to have any chance of fully joining the global economy.
Africa's media image comes at a high cost, even, at the extreme, the cost of lives. Stories about hardship and tragedy aim to tug at our heartstrings, getting us to dig into our pockets or urge Congress to send more aid. But no country or region ever developed thanks to aid alone. Investment, and the job and wealth creation it generates, is the only road to lasting development. That's how China, India and the Asian Tigers did it.
Yet while Africa, according to the U.S. government's Overseas Private Investment Corp., offers the highest return in the world on direct foreign investment, it attracts the least. Unless investors see the Africa that's worthy of investment, they won't put their money into it. And that lack of investment translates into job stagnation, continued poverty and limited access to education and health care.
Consider a few facts: The Ghana Stock Exchange regularly tops the list of the world's highest-performing stock markets. Botswana, with its A+ credit rating, boasts one of the highest per capita government savings rates in the world, topped only by Singapore and a handful of other fiscally prudent nations. Cell phones are making phenomenal profits on the continent. Brand-name companies like Coca-Cola, GM, Caterpillar and Citibank have invested in Africa for years and are quite bullish on the future.
The failure to show this side of Africa creates a one-dimensional caricature of a complex continent. Imagine if 9/11, the Oklahoma City bombing and school shootings were all that the rest of the world knew about America.
I recently produced a documentary on entrepreneurship and private enterprise in Africa. Throughout the year-long process, I came to realize how all of us in the media -- even those with a true love of the continent -- portray it in a way that's truly to its detriment.
The first cameraman I called to film the documentary laughed and said, "Business and Africa, aren't those contradictory terms?" The second got excited imagining heart-warming images of women's co-ops and market stalls brimming with rustic crafts. Several friends simply assumed I was doing a documentary on AIDS. After all, what else does one film in Africa?
The little-known fact is that businesses are thriving throughout Africa. With good governance and sound fiscal policies, countries like Botswana, Ghana, Uganda, Senegal and many more are bustling, their economies growing at surprisingly robust rates.
Private enterprise is not just limited to the well-behaved nations. You can't find a more war-ravaged land than Somalia, which has been without a central government for more than a decade. The big surprise? Private enterprise is flourishing. Mogadishu has the cheapest cell phone rates on the continent, mostly due to no government intervention. In the northern city of Hargeysa, the markets sell the latest satellite phone technology. The electricity works. When the state collapsed in 1991, the national airline went out of business. Today, there are five private carriers and price wars keep the cost of tickets down. This is not the Somalia you see in the media.
Obviously life there would be dramatically improved by good governance -- or even just some governance -- but it's also true that, through resilience and resourcefulness, Somalis have been able to create a functioning society.
Most African businesses suffer from an extreme lack of infrastructure, but the people I met were too determined to let this stop them. It just costs them more. Without reliable electricity, most businesses have to use generators. They have to dig bore-holes for a dependable water source. Telephone lines are notoriously out of service, but cell phones are filling the gap.
Throughout Africa, what I found was a private sector working hard to find African solutions to African problems. One example that will always stick in my mind is the CEO of Vodacom Congo, the largest cell phone company in that country. Alieu Conteh started his business while the civil war was still raging. With rebel troops closing in on the airport in Kinshasa, no foreign manufacturer would send in a cell phone tower, so Conteh got locals to collect scrap metal, which they welded together to build one. That tower still stands today.
As I interviewed successful entrepreneurs, I was continually astounded by their ingenuity, creativity and steadfastness. These people are the future of the continent. They are the ones we should be talking to about how to move Africa forward. Instead, the media concentrates on victims or government officials, and as anyone who has worked in Africa knows, government is more often a part of the problem than of the solution.
When the foreign media descend on the latest crisis, the person they look to interview is invariably the foreign savior, an aid worker from the United States or Europe. African saviors are everywhere, delivering aid on the ground. But they don't seem to be in our cultural belief system. It's not just the media, either. Look at the literature put out by almost any nongovernmental organization. The better ones show images of smiling African children -- smiling because they have been helped by the NGO. The worst promote the extended-belly, flies-on-the-face cliche of Africa, hoping that the pain of seeing those images will fill their coffers. "We hawk poverty," one NGO worker admitted to me.
Last November, ABC's "Primetime Live" aired a special on Britain's Prince Harry and his work with AIDS children in Lesotho. The segment, titled "The Forgotten Kingdom: Prince Harry in Lesotho," painted the tiny nation as a desperate, desolate place. The program's message was clear: This helpless nation at last had a knight -- or prince -- in shining armor.
By the time the charity addresses came up at the end, you were ready to give, and that's good. Lesotho needs help with its AIDS problem. But would it really have hurt the story to add that this land-locked nation with few natural resources has jump-started its economy by aggressively courting foreign investment? The reality is that it's anything but a "forgotten kingdom," as a dramatic increase in exports has made it the top beneficiary of the African Growth and Opportunity Act (AGOA), a duty-free, quota-free U.S.-Africa trade agreement. More than 50,000 people have gotten jobs through the country's initiatives. Couldn't the program have portrayed an African country that was in need of assistance, but was neither helpless nor a victim?
Still the simplistic portrayals come. A recent episode of the popular NBC drama "Medical Investigation" was about an anthrax scare in Philadelphia. The source of the deadly spores? Some illegal immigrants from Africa playing their drums in a local market, unknowingly infecting innocent passersby. Typical: If it's a deadly disease, the scriptwriters make it come from Africa.
Most of the time, Africa is simply not on the map. The continent's booming stock markets are almost never mentioned in newspaper financial pages. How often is an African country -- apart, perhaps, from South Africa or Egypt or Morocco -- featured in a newspaper travel section? Even the listing of worldwide weather includes only a few African cities.
The result of this portrait is an Africa we can't relate to. It seems so foreign to us, so different and incomprehensible. Since we can't relate to it, we ignore it.
There are lots of reasons for the media's neglect of Africa: bean counters in the newsroom and the high cost of international coverage, the belief that American viewers aren't interested in international stories, and the infotainment of news. There's also journalists' reluctance to pursue so-called "positive stories." We all know that such stories don't win awards or get front-page, above-the-fold placement. But what's happening in Africa doesn't need to be cast in any special light. The Ghana Stock Exchange was the fastest-growing exchange in the world in 2003. That's not a "positive" story, that's news, just like reports on the London Stock Exchange. I imagine a lot of consumers would have found it newsworthy to learn where they could have made a 144 percent return on their money.
My independent film was made possible by funding from the World Bank, for which I am extremely grateful. But the bank wouldn't have had to step in if the media had been doing their job -- showing all Africans in all facets of their lives. In a business that's supposed to cover man-bites-dog stories, the idea that Africa doesn't work is a dog-bites-man story. If the media are really looking for news, they'd look at the ways that Africa, despite all the odds, does work.

Interview mit Carol Pineau: Afrika anders betrachtet



Business activity is a subject that is sometimes missed in international reporting about Africa. Despite that, Africa produces some impressive economic statistics: a 144 percent annual return by the Ghana Stock Exchange, high savings rates and low corruption in Botswana, and South African firms that are investing across the continent and listing on stock exchanges in Britain and the United States. With large and expanding markets for communication and technology, agriculture and mining, Africa has countless untapped investment opportunities.
In a one-hour documentary entitled "Africa Open for Business," Carol Pineau, who has reported from Africa for CNN and French radio and television, explores stories she says are generally missing from coverage. She interviews local entrepreneurs who are seeking opportunities and making business happen, portraying a side of Africa that most people outside the continent do not see. The stories of 10 companies tell a balanced tale of the struggle, the costs and the potential of doing business in Africa. She spoke with AllAfrica about the film and her efforts to improve the quality of reporting on Africa. Excerpts:

What made you want to do a film about African business?
The issue to me was to show a different Africa, an Africa that I knew was there, that anyone who has been there knows exists, but is never shown in the media. Something that was asked of me recently, "Have you ever seen Africans in love?" We show Africans as if they have no love life. How did the continent get so populated? We don't show them having any family life, no civic life. We show an Africa that is void of any economic life.
I wanted to show that Africa is as complex as America, as Europe, as everywhere else, and not this one-dimensional caricature. The wars, the famine, it's all been done. We've seen that. I wanted to show the people who are in charge of their own destiny, who are making their own decisions, right or wrong. I wanted to make a film where there were no victims. You could love them, you could hate them - it didn't matter to me. It was going at the story of Africa in a very different way. After years doing reports on Aids and wars and things no one seemed to care about, [I thought] what do Americans like? They like money, so let's do money.

What criteria did you use to choose the countries and businesses you show in the film?
People think that I am selling 10 countries or 10 businesses, and I've been really clear that that's absolutely not it. Clearly, I am not selling Somalia as a great business destination! The idea was to show a balance geographically, a balance linguistically, a balance as far as the good and the bad. You have Botswana and then you have Somalia. What I wanted to show was that no matter where you are, no matter what your country is, no matter what your governance or lack thereof is, entrepreneurship goes on. There is an African spirit, a drive, there in the continent and many times it's thwarted but it still exists.
As far as the businesses [featured in the film], I found them in a haphazard way. Anyone who has done reporting, [knows] that, you get into Kampala and say, "I wanna do coffee. The president is always talking about coffee, what am I going to do? This guy is not home and this guy is out of town, and this guy his partner is not here so he can't meet with me." I found this guy and he's so fabulous.
A lot of these were found through Google. It's as simple as that. What I think is so incredible is that [if] through such haphazard means I found 10 incredible stories, there's got to be thousands more like them throughout the continent. They're under the radar because we're just not looking in that area. But they're there and a lot of them you can't say necessarily they're thriving, but I don't think the issue is thriving or not thriving. The issue is that they are really working to get in charge of their own destiny, and that's the Africa we don't show.

What reaction have you received from U.S. and other businesses?

There have been specialized screenings with businesses and we've targeted policymakers, investors and image makers - people who can change the way we think about investment into Africa. Africa offers the highest return on direct investment in the world. That's well established. The interesting thing though is that Africa attracts the least amount of foreign direct investment. And that doesn't make sense. Money goes where it makes money. Why isn't it going into Africa? A lot of people say it's because of risk, bad governance, and corruption. But that's not the complete story.
Look at Botswana: A+ credit rating, absolute democracy since independence more than 50 years ago, highest per capita savings in the world with maybe a handful of other countries in the world like Singapore, listed in the top ten of least corrupt countries in the world by Transparency International. So why isn't money flooding into Botswana? It's not. They're having just as hard a time as everyone else. It's because the image of Africa is coast-to-coast violence and mayhem, interspersed by a few animal parks. So where am I supposed to send my investment money? Am I supposed to send it to a refugee camp? Am I supposed to send it to an animal park? What is there? People don't even know that there are buildings, high-rises.
There are a lot of Africans in this room. How many of you have been asked: Did you grow up in a hut? Did you ever wear shoes?
That's the purpose of the specialized screening: to get people to visualize it. Once they can visualize that there is an Africa that can absorb investment, then they start looking at where the risk [is] good. Where is it bad? Where should I invest? Botswana is very different than Sierra Leone. You can start to make some realistic risk decisions.
People are not always aware of just how powerful the constant image of a dysfunctional Africa has been. [A] medical investigation drama on one of the networks in the U.S. [did] a show about anthrax. We all know the only anthrax scare the U.S. has had has been home-grown, but in this show there was an anthrax scare and it turned out to be illegal African immigrants. They were playing their drums in the market and anthrax drifted off from their drums and an innocent American put a dollar in the basket and breathed in the anthrax dust and started an epidemic.
I was so mad I was screaming at the television, "Why are you always making bad stuff about Africa!" I've lived in Africa, I feel completely comfortable [there], but every time I walk by one of those markets with the drums I feel myself sort of pull away. My mind is telling me that is absolutely nuts, but my body has that reaction. And then you think about somebody who doesn't know Africa, who's never been there, how are they going to react? I think it's something that really has to be looked at.
Everyone is always saying, "The media has to do positive stories." We're not publicists. We are journalists. What we do is news and it has to be a good story, not a positive story. What is newsworthy to me is the Ghana Stock Exchange making 144 percent and the best return in the world for a stock market. That's news. We shouldn't be selling that as a positive story. We should be saying that's news and it deserves to be covered. I think readers and viewers want to know where they can get a higher return than anywhere else in the world.
I think that Africans need to start demanding that Africa is covered in all its complexity. Right now this is lying by omission. It's unbalanced reporting. Imagine if we were only talking about the negatives in the U.S. If [all] the French media talked about [was] 9/11, the Oklahoma bombing, and all those things how quickly would the U.S. State Department or even the White House demand to see the French ambassador? Africans have to start demanding a different kind of coverage.

What were some of the difficulties African business owners reported?

Each of the interviews is an hour long. We're hoping to do a book so you can get the complete story from each one. In cutting them down, there was a decision - she speaks really eloquently about corruption and he does too so we'll leave it to those two. We'll free up the space for the others to talk - this one about infrastructure, this one about financing. But every single one of them talked about corruption, infrastructure, financing, regulations - all those things. Financing was one of the biggest things.
Small and medium enterprises have no access to funding. You have a lot of NGOs that are taking care of that at the micro-enterprise level. You have the mega industries, like the cell phone companies, that are getting these huge deals. At the top of the pyramid, there would be the oil companies and they have access to international finance. They have all the capital they need. It's that central section - somebody called it "the missing middle." - that can't get access to any of the government people to solve problems they have internally. They can't get access to international capital. There's just nobody watching out for those people and that's where real job creation comes from.
I'm not an economist, but it's very clear to me that this has to be solved for Africa to go forward.

What can small and medium-sized businesses do to increase their profitability?

Those little $3 or $4 purchases - that's where people are starting to realize there's a fortune to be made. You heard the guy from Congo talking about "When we did the $2 scratch card our sales tripled." These are the types of things that many companies really make money from.
There's this impression that Africa doesn't have capacity. That was what was most amazing to me in the Ugandan story. There's a guy in a little café in downtown Kampala with six employees who's talking just like a Harvard MBA. "When you go into a market you have to differentiate your product, so my packaging..." We were so blown away by the interview [and] by the capacity on the ground. Is it as good as in Europe? No, but there is so much there that is not being utilized. What's needed is to recognize the home-grown capacity and start using that and putting it more to use.
You hear people say [about Africa]: "If only we had good governance, then suddenly African entrepreneurship would happen." That's the not the lesson of Somalia or DRC [Congo]. Even without good governance, even without any governance, there is still entrepreneurship. We act like [Africans are] missing the entrepreneurial gene. They aren't. The question is: how much of the limited resources that Africa has can be put towards growth and how much has to be wasted on corruption and lack of infrastructure and dealing with changing regulations. That to me is really the issue, not do they or don't they have an entrepreneurial spirit.

You stress the importance of differentiating between African countries now, but in some parts of the documentary, you group all of Africa together with general statements. Do you worry about falling into that trap?

There was a big debate with the graphics people and the production team, "Should we put the maps in or not?" - individual country maps. Because what I wanted to say was: it's not about 10 countries. You could parachute in anywhere and you could find a story like this, no matter where you are.
We're talking about Zimbabwe as though it's a complete hell hole right now. Somebody just told me about his sister in Zimbabwe. She realized women are always going to have children and they're always going to want those children to look good. So she started a children's clothing shop. Stuff goes on. I think that's the thing I wanted to show.

Why did you decide to cover formal businesses, not the informal economy?

Because no one would expect it. I tell people I want to do a film on businesses in Africa [and they say,] "Oh, I know those market women! They're so cute!" I actually didn't interview any market women. I interviewed airlines and cell phone companies. This is not a representative sampling of Africa. It's a vision that Africa can do it.

Do you think that this film will help to attract investment?

I certainly hope so. I think no one is going to watch the film and pick up the phone and say, "Get me into Africa." The hope is that it will start a dialogue. When time and time again, you show starving Africa and nothing else but starving Africa, it's a stereotype. There is a portion of Africa that is starving, but there's a huge portion of Africa that is not.
Even the people living on a dollar a day in Africa, and I've been to many of those villages, they are not starving. Sure, you don't have as much to eat as you'd like, but that doesn't mean you're starving. This image of the starving Africa makes it so that Africa cannot attract investment.
I talk to investors who tell me that the minute they mention Africa the doors just shut. There is no discussion. If investment doesn't get into Africa, jobs are not created. If jobs are not created, wealth is not created. The estimates I've heard range between six and 10 people are fed for every one job in Africa. So you bring in one major factory in Lesotho and you've got 1500 people working, 15,000 people [are] fed from that. What aid agency can do that on a continued basis, year after year after year? By showing an Africa that you can't invest in, you're starving away investment, unreasonably, because it's not a realistic picture of Africa. I think that's costing lives in a very real sense.

Do you run into critics who call you an advocate instead of a journalist?

I'm not a cheerleader for Africa. I'm talking about a much more realistic Africa. Let's be fair. I think the most difficult screening and Q&A that I've had was a press conference up in New York. There was a woman who got so mad, she got up and walked out and she said to me, "You haven't talked about security at all. There's so much insecurity!" I said, "Well, actually, I did." There were a lot of negatives that I talk about in the film. But they're talked about in terms of overcoming them.
All of those things, Aids, corruption, trading regulations, [are in the film] but it's in terms of, "Okay, this is the cost of doing business." But this woman was angry: "How can you not talk about this? I was in Johannesburg, and I was mugged! All of Africa is like that!" That's when I got mad and I said, "You cannot say that about Botswana. You cannot say that about Namibia. You cannot say that about Ghana." When I lived in Eritrea, we were leaving nightclubs at 2 o'clock in the morning and walking home. Nothing would ever happen to you on the streets. Never once has Asmara had a capital murder case. I wish Washington could be so nice.
We have to be realistic. It's not just the media. It's our entire cultural perception. From the time that we are little children we are told, "Eat everything on your plate, there's starving children in Africa." Everything reinforces "the Dark Continent. "What the film is saying is"Everythingyou've been told about Africa, it's not exactly true." For some people it is upsetting to see that. But some are won over, fortunately.